Zambie - du 01/08 au 19/08 - Quand ça ne veut pas!
La Zambie est pour nous synonyme de retrouvailles. Nous filons vers Lusaka pour y accueillir les parents de Mélanie. Papy et Mamie viennent passer 3 semaines avec nous et cela bouscule notre emploi du temps depuis le Kenya. Nous sommes partis un peu précipitamment de la Tanzanie pour pouvoir être dans les temps à Lusaka. Nous courrons donc depuis Dar Es Salaam et arrivons à la frontière Zambienne. Comme les deux frontières précédentes, celle-ci va vite. Trop vite. Un bureau, puis un deuxième, le carnet est tamponné. Pourtant on nous avait parlé d’une taxe pour les routes et d’une taxe carbone, mais l’officier nous dit que ce n’est pas la peine avec le carnet de passage en douanes… Quand il s’agit de ne pas payer on n’insiste pas !
Le temps de parvenir à faire deux cartes sim pour les téléphones que l’heure avance et nous ne faisons qu’une centaine de kilomètres avant de nous arrêter à Isoka. Le poste de Police qui nous avait été indiqué par le check-point ne sera pas notre bivouac, l’officier veut être payé… L’hôtel non plus, une fois garé, la réceptionniste comprend ce que nous lui expliquons depuis le début. Impossible de se garer si on ne dort pas à l’hôtel. Nous quittons à peine la ville que nous trouvons un bar installé au bord de la route. Son parking en herbe est parfait pour un bivouac. Un couple d’US aura la même idée une minute plus tard. On se trouve donc à deux véhicules en train de bivouaquer ici. Eux sont en 4x4 acheté en Afrique du Sud et naviguent en Afrique Australe pour quelques mois. Nous les invitons pour un dîner pasta au chaud et nous promettons de nous retrouver le lendemain soir aux sources chaudes de Kapisha sur la route.
Retour en arrière
On devait retrouver les US le soir mais ce sera sans compter sur le 4ème check-point depuis la frontière. La policière ne veut rien entendre et exige la Road Toll ! Cette même taxe que l’officier des douanes me disait inutile la veille ! C’est dimanche et nous ne pouvons même pas aller au service des impôts de la première ville, d’autant que demain lundi est férié. Après avoir bloqué un certain temps le check-point, nous sommes contraints de rebrousser chemin et de faire 223km pour retourner à la douane.
L’officier : Non, effectivement vous n’avez pas à payer la Road Taxe, mais la Road Toll !
Moi (en moi-même) : Abruti, tu ne pouvais pas le préciser hier !!! Ce n’est tout de même pas à nous de deviner quelles taxes nous devons payer !...
Il me faudra aussi insister pour payer la taxe carbone que l’on m’indique inutile par trois fois. Mais à 15€ la taxe, il est préférable de la payer plutôt que de devoir refaire des centaines de kilomètres à nouveau.
Inutile d’espérer rejoindre nos amis US aux sources chaudes, nous repassons une nuit au même endroit que la veille après une très longue journée de route puis repartons et repassons par la terrible section où sa largeur est inférieure à deux véhicules et impose au moins inconscient des deux conducteurs de se pousser et de rouler dans le bas-côté défoncé. L’opération est dangereuse et l’état de la route sur cette portion n’est pas génial.
Au moment de chercher notre bivouac pour la nuit, nous décidons de faire quelques kilomètres de piste pour rejoindre des chutes d’eau qui pourraient être un sympathique bivouac dans ce paysage invariable de la Zambie. En effet, depuis la frontière, nous sommes entourés de Bush. Les arbres secs dénudés de leurs feuilles constituent la seule végétation, le seul horizon que nous fournit le paysage Zambien. Sur des centaines de kilomètres, nous observons de petites habitations de-ci-de-là. Les bas-côtés sont brulés. Une mode depuis la fin de la Tanzanie. On ne débroussaille pas, on brûle. Comment parviennent-ils à contenir les feux dans cette végétation assoiffée ? De partout le ciel est empli de fumée. Cette habitude restera constante dans tout le pays sur les milliers de kilomètres que nous parcourons.
De la VIANDE !
S’il y a une chose que nous apprécions bien rapidement dans ce pays, c’est la viande. Zambeef est partout, sur les camions, sur les pancartes et même dans les villes. Nous achetons à un prix imbattable des saucisses, des côtes de bœuf… Après tant de mois où nous avons fait attention, on va pouvoir refaire des barbecues ! Le premier exemple nous aura été donné par un zambien à qui l’on a prêté notre tire-bouchon aux chutes de Kandalila où nous bivouaquons. Pour nous remercier, il nous a invités à partager le barbecue qu’il a préparé pour ses deux amies (…).
Pas possible qu'il fasse aussi froid en Afrique !
Après ce festin, nous sommes bien seuls à dormir ici. Même le garde du parking est reparti chez lui. Nous comprendrons dans la nuit pourquoi ! La couverture en polaire n’est pas suffisante et nous grelottons, les enfants eux, ont opté pour la proximité, ils se retrouvent tous les trois dans le même lit. Comment peut-il faire si froid cette nuit alors que nous avions plus de 30 la journée ? Au réveil, il faut beaucoup de courage pour se hisser hors du lit. Le thermomètre indique 9°C dans le camping-car! Dehors l’herbe est givrée ! Nous ne sommes pas en altitude pourtant. Nous allumons le chauffage pour la première fois depuis l’Iran en novembre dernier quand il neigeait !
Le soleil réchauffe nos corps tremblants et nous partons à la découverte des chutes dans cette journée qui commence. Il faut bien motiver les enfants pour parcourir les quelques centaines de mètres jusqu’aux chutes tant le froid est saisissant mais le spectacle est à la hauteur de l’effort que nous réalisons et nous sommes récompensés.
Ca pique ou ça croque!
Après ces milliers de kilomètres parcourus depuis Dar Es Salaam en Tanzanie sans arrêt, nous parvenons à Lusaka la veille de l’arrivée de papy et mamie. Nous en profitons pour aller découvrir un musée de reptiles qui s’avère être également une ferme de crocodile. Les quelques serpents alignés dans les vitrines sont tous originaires de Zambie, mais le plus impressionnant, ce sont les gigantesques crocodiles qui ont plus de ressemblances avec les dinosaures qu’avec les autres espèces animales.
Aujourd’hui est un grand jour!
Nous profitons de notre bivouac dans un camping pour nettoyer à fond le camping-car en prévision de l’arrivée cette nuit des grands-parents. Les enfants comme les parents sont excités à l’idée de revoir la famille après une si longue séparation. En fin d’après-midi, nous sommes installés sur le parking de l’aéroport et les enfants se sont couchés tôt. Nous avons pour instruction de les réveiller car ils veulent tous voir l’avion atterrir. La tâche ne sera pas bien compliquée puisqu’à peine prononcés leurs prénoms que les trois sont debout dans la seconde alors qu’il est minuit passé ! Nous sommes dans le tout petit hall de l’aéroport lorsque nous faisons la connaissance d’une dame vêtue d’un T-Shirt à l’effigie d’un homme politique sans-doute. En quelques sourires et salutations elle nous fait franchir tous les services de sécurité et nous accueillons nos hôtes pour les trois prochaines semaines dès leur sortie de l’avion. Il n’y a qu’en Afrique que l’on peut s’affranchir des règles internationales avec une telle aisance ! En tout cas lorsque l’on est en présence de la vice-présidente du parti politique en place qui est une ancienne hôtesse de l’air ! Si l’on a quelques remords à profiter de passe-droit habituellement, cette-fois-ci, cela nous arrange bien car les valises sont pleines de pièces (filtres, roulements…) pour le camping-car qui pourraient poser quelques soucis à la douane. Mais en si bonne compagnie, les visas sont tamponnés au comptoir diplomatique et le douanier nous fait un grand sourire.
Dès le lendemain, nous nous rendons au garage le plus proche pour faire changer les roulements qui commençaient à devenir sonores depuis quelques jours. Le timing était parfait et notre garagiste en France a obtenu les roulements en moins de 24h ! Les roulements ont eu la bonne idée de lâcher juste avant la venue des grands-parents. Heureux hasard !
Voilà nous sommes prêts pour trois semaines de découverte de la Zambie en bonne compagnie et pouvons prendre la route pour les chutes Victoria après une nuit au Eureka Camp de Lusaka. Ce camping est assez surprenant car les animaux sauvages viennent y brouter l’herbe fraîche (merci l’arrosage). Nous y croisons girafes, koudous, impalas et zèbres qui franchissent le portail à leur gré.
Samedi 8/08 : Un coup de fil… sur la route des chutes Victoria
Nous prenons la route du sud tranquillement, papy en co-pilote et mamie assaillie par ses petits-enfants à l’arrière. Nous leur faisons goûter de la chèvre achetée à un vendeur au bord de la route. Depuis l’Ethiopie où nous avions découvert cette viande, nous nous étonnons à chaque occasion que l’on n’en trouve pas en France. Nous ne voulions pas rater l’occasion de faire partager cette découverte ! Les kilomètres n’avancent pas bien vite et nous décidons de nous arrêter pour la nuit à mi-chemin devant un motel qui nous procurera la surveillance la nuit. Malheureusement, c’est à cette occasion que nous recevons un appel skype pour nous indiquer que le père de mamie n’est pas bien et que ses autres enfants sont à son chevet depuis le matin. Il y a peu d’espoir. Cette nouvelle nous assomme et sème le doute dans les esprits. Que faut-il faire ? Que doivent faire papy et mamie ? Repartir au chevet de l’arrière-grand-père ?
Quelques minutes plus tard… Un deuxième appel …
Les enfants dorment, la petite-fille et la fille peuvent pleurer dans les bras l’une de l’autre.
Il fait nuit et malgré la règle que nous respections scrupuleusement depuis notre départ 1 an avant, nous prenons la route dans le noir pour retourner à Lusaka dès ce soir.
Lundi 10/08 : Fin prématurée d’un épisode
Il est midi quand nous redéposons papy et mamie à l’aéroport. Les cœurs sont lourds. La double douleur. Les sentiments se mêlent. Le décès, la séparation. Impossible pour mamie de ne pas aller dire un dernier au revoir à son papa et en même temps qu’il est terrible d’écourter leur séjour au bout de trois jours et non trois semaines. Des mois d’attente et d’enthousiasme envolés… Nous tournons en rond, nous ne savons plus où aller ? Réaliser le programme que nous avions planifié avec les grands-parents ? Partir directement vers le Malawi ? L’aéroport étant à l’est, après des hésitations nous commençons par rouler vers le Malawi… mais nous nous arrêtons seulement quelques kilomètres plus loin. On n’a pas la force de se relancer dans 1000km de route. Retourner au Pioneer camp près de l’aéroport ? Hors de question, la piste poussiéreuse est trop pénible. Retourner au sud à Eureka camp avec ses animaux sauvages en vadrouille ? Il faut retraverser Lusaka, 1h30 de bouchons… Non. Nous sommes arrêtés au bord de la route. Essayer de réfléchir ! Trop dur ! Pas la motivation pour repartir maintenant ! Chercher un autre bivouac. Nous nous arrêtons sur le parking d’un centre commercial. Les enfants n’ont pas le moral ! Alix résume parfaitement la situation : « Moi je suis triste que papy et mamie ils soient partis!» Nous aussi !
On offre un jus de fruit frais aux enfants dans la galerie commerciale, on fait quelques courses de produits frais, fruits, légumes, viandes. Les enfants veulent aller au Toys’R Us mais ils errent dans les rayons sans vraiment s’enthousiasmer comme ils l’auraient fait auparavant. C’est décidé, on retraverse la ville et on s’offre quelques jours de repos et de réflexion à Eureka Camp.
Jeudi 13/08 : On reprend la route mais le cœur n'y est pas.
Ces quelques jours à Eureka camp nous aurons fait du bien. La déception, la tristesse est toujours là, mais nous avons pris une décision. Pas facile, mais nous faisons une croix sur le Malawi qui nous a pourtant été tant vanté par tous les voyageurs, pour partir à l’opposée. Ce dont nous avons besoin maintenant c’est de la compagnie. Les enfants ont besoin d’enfants avec qui jouer et les parents ont besoin de trinquer pour oublier. La famille Engel (convoidangesheureux) se trouve aux chutes Victoria et les Dacaluf terminent la Namibie. Nous refaisons la route vers les chutes Victoria sans s’arrêter pour bivouaquer et découvrons les Convoidangesheureux installés au bord du Zambèze. Etelvina et René, suisses, sont les heureux parents de 9 enfants ! Ils ont démarré un mois plus tôt une découverte du sud de l’Afrique à bord de leur camping-car joliment décoré d’un paysage de montagne. Avec eux pour ce périple, 6 de leurs enfants et tout ce monde dans un camping-car pas plus gros que le nôtre ! Impressionnant !
La recette fonctionne, enfants comme parents passent du bon temps. Ça aide à oublier ! Nous passons les journées au bord du Zambèze tout en se méfiant des crocodiles dont la présence nous est signalée par toutes les personnes qui passent ici. Pas très rassurant tout de même.
Nous sommes à Livingstone et on ne saurait rater l’occasion d’aller voir l’attraction principale. Nous en profitons donc pour passer une journée complète à nous balader de point de vue en point de vue sur les chutes Victoria. D’en haut, d’en face, d’en bas et même de dessus en profitant du niveau bas de l’eau pour nous aventurer au-dessus des chutes dans la multitude de bras et d’îles du Zambèze. Nous déclinons les services des « guides » locaux improvisés et préférons nous baigner un peu à l’écart de la chute. Certes, les sensations doivent être exceptionnelles de se baigner dans les bassins naturels à quelques centimètres du précipice mais avec trois enfants nous préférons assurer la sécurité ! La réputation des chutes est méritée. Un spectacle d’arcs-en-ciel apparaît sur les nuages de fines gouttelettes produits par le fracas de l’eau. Nous resterons à observer les chutes jusqu’au coucher du soleil. Un beau moment en famille dans un lieu magique.
Dimanche : Grosse frayeur !
S’il fallait résumer ces quelques jours à Livingstone en compagnie des convoidangesheureux, on pourrait dire bières et barbecue pour les parents et jeux pour les enfants ! C’est justement au cours d’un cache-cache nocturne que les enfants viennent nous chercher ! « Liou est tombée »
On la trouve par terre inconsciente… Elle courait et s’est pris une ficelle tendue dans le cou. Le choc de la tête sur le béton a été dur et malgré qu’elle ait repris conscience assez rapidement, elle est perdue. Elle ne sait pas répondre à des questions simples comme son prénom et demande continuellement la raison de sa douleur au cou et à la tête. Nous avons beau lui réexpliquer à chaque fois qu’elle est tombée, elle oublie après quelques minutes. Nous sommes inquiets et contactons l’assistance de notre assurance santé (AVI) pour savoir s’il y a un établissement où nous pourrions la faire observer par un médecin. Malheureusement à Livingstone, il n’y a que l’hôpital local. Nous y allons tout de même mais le médecin s’inquiète plus de la marque au cou laissée par la ficelle que de la commotion. De toute façon leur scanner ne fonctionne plus et ils préfèrent remplir la fiche administrative… L’assistance nous fait rappeler par un médecin, puis en comité ils décident de la suite. Ils envoient un avion de Johannesburg en Afrique du Sud pour venir chercher Liou. Elle s’est endormie mais nous la surveillons et notre sommeil est très léger. Jade et Alix quant à eux dorment dans le camping-car des convoidangesheureux. Au petit matin l’avion est arrivé et Mélanie accompagne Liou dans son jet privé qui s’envole en direction de l’Afrique du Sud ! Les examens qu’elle y subie ne révèlent heureusement rien de grâve. Plus de peur que de mal ! Deux jours et un peu d’observation plus tard, elles seront de retour par un vol régulier. Dommage, le pilote avait été sympathique à l’aller et elles ont vu les chutes Victoria d’encore plus haut ! Au retour, elles profitent toutefois d’une vue tout aussi impressionnante sur les gorges du Zambèze mais depuis un avion de ligne !
Une fois la famille enfin réunie nous partons en direction de la Namibie. A quelques centaines de kilomètres de là une famille française est aussi en voyage. Les DACALUF sont partis il y a deux ans maintenant avec leur camion. Ils ont passé 16 mois en Amérique du Sud et sont arrivés ensuite en Afrique du Sud. Nous avions échangés par Skype et nous nous connaissions grâce à Facebook. Nous voulions nous rencontrer et après tous ces évènements, les enfants comme les parents ont bien besoin de se changer les idées !
Découvrez-les sur http://dacaluf.com ou facebook DACALUF
Conclusion :
S’il est un pays que nous n’avons pu apprécier, c’est bien la Zambie. Pressés par l’arrivée des grands-parents, nous avons parcouru le Nord-Est sans s’arrêter. Leur départ précipité comme l’incident de Liou aurons perturbé le reste de notre séjour dans ce pays dont on nous avait pourtant vanté la sympathie de ses habitants. Malheureusement nous aurons rencontré plus de policiers particulièrement zélés que d’habitants. Les rares contacts que nous avons eu (invitation à un barbecue aux chutes Kandalila, jeune sur un parking routier tenu par son orphelinat...) nous prouvent que leur réputation est méritée. Par contre le zèle poussé au-delà de la logique par les policiers nous aurons valu nos deux premières contraventions : un feu rouge grillé à Lusaka mais qui ne fonctionnait pas (?!) et un 72km/h au lieu de 60 mais sans panneau (« L’ignorance n’est pas défendable ! » qu’il m’a dit). Impossible de négocier comme en Tanzanie et ne surtout pas leur dire qu’ils sont corrompu, ils n’aiment pas, mais alors pas du tout !!!
Les paysages nous ont terriblement déçus. La Zambie est un interminable bush du Nord-Est au Sud-ouest. Les routes sont bordées d’une végétation sèche (saison sèche !) qui est la proie des flammes. En effet, partout ils débroussaillent par le feu, ce qui laisse une vision triste de terre noircie et de squelettes d’arbres fumants. Mal nécessaire ?
Qu’avons-nous vu finalement de ce pays ? Ni les parcs, ni les gens. Juste des kilomètres de route et deux chutes. Quand ça ne veut pas!
La Zambie en chiffres :
3051km en 19 jours
Coût : 61€/jour principalement à cause de la distance parcourue et des bivouacs en camping