Zimbabwe 2 - 10 jours en immersion!
C’est un évènement dans notre voyage. L’arrivée de mon père, alias « Opa », est attendue depuis quelques mois ! Et nous ne sommes pas sans savoir le bouleversement que représente la visite d’un membre de la famille. Lors de la venue des parents à Mélanie, ça n’avait pas été sans difficultés. Nous avions couru pendant des semaines pour être à Lusaka le jour de leur arrivée et leur départ anticipé nous avait laissé décomposés. Nous ne souhaitions pas reproduire cette douloureuse expérience. Alors quand mon père a voulu réserver ses billets Aller/Retour pour Johannesburg alors que nous étions en train de rouler pour nous rendre à Lusaka chercher les parents de Mélanie, nous n’avions aucune idée d’où nous serions deux mois plus tard! Heureusement, nous sommes parvenus à le convaincre d’arriver à l’aéroport de Harare au Zimbabwe. Nous le déposerons trois semaines plus tard à Joburg (Johannesburg en Afrique du Sud).
Mercredi 7/10/2015 : Harare - Une journée pleine d’excitation, de stress et d’émotion.
Nous quittons le camping Khama au bord du lac Shivero (au sud de Harare) pour nous diriger vers l’aéroport. Le « périphérique » extérieur de Harare n’est pas encombré et si nous n’avions pas essayé de prendre un raccourci, nous serions arrivés encore beaucoup plus tôt sur le parking. Celui-ci étant quasiment complet, nous nous garons difficilement entre deux véhicules. Il faut dire que la plupart des places sont couvertes par des abris pare-soleil et il n’y a qu’une petite zone où l’on peut aller. Nous partons en reconnaissance dans l’aéroport (et aussi pour utiliser les toilettes et le wifi). Mauvaise nouvelle, l’avion aura 1 heure de retard et deuxième mauvaise nouvelle, à notre retour le parking s’est bien vidé et une roue du camping-car a été verrouillée ! Le préposé interrogé, répond que nous ne sommes pas bien garés dans un emplacement. Impossible de lui faire entendre raison. Lorsque nous sommes arrivés, nous nous sommes faufilés entre deux véhicules et la matérialisation des emplacements était alors bien futile ! Bon Ok je n’aurai pas dû retirer le sabot (qui n’était au final pas fermé à clé mais juste enfilé) ! Mais je voulais lui montrer que le camping-car est plus large que les emplacements eux-mêmes. Il faudra un peu de négociation avec la manager pour obtenir gain de cause. Cette histoire nous aura au moins occupés en attendant l’avion.
Que l’attente est longue lorsque l’on voit sortir tous les passagers avec leurs bagages ! Opa sera l’un des derniers évidemment. Son visage montre toute l’émotion qui est la sienne de nous revoir après 14 mois de séparation. Dommage que Oma n’ai pas pu l’accompagner. Elle n’aurait pu supporter la longueur du voyage. Opa a pris la navette pour l’aéroport hier à 19h00, il est 16h00 quand il sort enfin de l’aérogare. 21 heures de voyages, c’est tout de même plus court que 14 mois !!!
Nous sommes heureux de l’accueillir mais nous n’avons pas trop le temps pour discuter, il nous faut partir vite à la recherche d’un bivouac pour la nuit. On ne restera pas sur le parking comme à Lusaka, il n’est pas minuit non plus ! Nous avons repéré un camp à quelques kilomètres et nous y dirigeons. Malheureusement le camp Backpacker en question est très cher et franchement pas chouette. Nous ne pouvons nous garer que sur le terrain vague, il y a plus sympa comme endroit. Nous tentons notre chance dans le lodge voisin mais sans succès. Inaccessible. Qu’à cela ne tienne, nous continuons sur ce mauvais chemin en espérant trouver un bivouac sauvage. Mais le temps passe et on commence à s’inquiéter. Pas cool comme accueil pour mon père mais il voit là le quotidien de la recherche d’un bivouac, en tout cas dans sa version galère ! Nous nous faufilons sur un chemin de terre menant à une maison en terre, la jeune fille ne parle pas Anglais et nous ne parvenons pas à savoir si nous pouvons nous poser dans le bush au bord de son chemin. Nous partons. Revenus sur la mauvaise piste principale, nous nous faisons encore secouer. Les ondulations de la piste sont terribles, les pires que nous ayons eu jusque-là. Même celle de la piste menant à notre merveilleux bivouac au Botswana ne sont rien en comparaison. Les mètres sont parcourus lentement, à l’allure de franchissement d’un obstacle. Nous réitérons notre demande auprès d’une autre maison. La dame qui nous accueille parle anglais. Elle nous fait comprendre qu’elle n’est pas la propriétaire du terrain mais elle se propose de nous accompagner dans un village qui nous accueillera surement. Mélanie part à pied avec elle car après 100m sur le chemin, nous sommes bloqués par un rocher. Il faudrait faire un détour pour y parvenir mais sans la certitude qu’ils veuillent bien de nous. L’attente permet de discuter enfin avec mon père. Mais voir le soleil baisser dans l’horizon rend l’attente stressante. Mélanie ne revient toujours pas. Cela fait bien 20 minutes, il va faire nuit. Au bout d’une bonne demi-heure Mélanie revient. Elle n’a pas de sourire sur le visage. Elle a seulement le numéro Whatsapp d’une personne qui pourra nous répondre mais qui est injoignable…Cela sent le plan galère !
Il fait déjà presque nuit, nous n’avons plus le choix, nous partons pour le village. Kufunda village est inscrit sur une pancarte à l’embranchement menant à celui-ci. Rien à voir avec un village classique selon toute vraisemblance. Nous nous arrêtons devant une grande maison de ferme dans le jardin de laquelle jouent des enfants dont la couleur nous interpelle. Maaianne, qui est Zimbabo-danoise, nous explique le principe du village. Il s’agit en fait d’une communauté créée par son mari et elle-même il y a une quinzaine d’année. La permaculture, l’éco-habitat, la santé-nutrition à base des herbes locales… sont parmi les éléments clés de leur projet. Ils réalisent également des formations sur différents thèmes et c’est ce qui l’a fait immédiatement réagir. Justement en ce moment ils réalisent une formation sur le thème « Life Leadership » et souhaitent que l’on puisse réaliser une intervention le lendemain matin. Nous voici installés au cœur du village, accueillis par une foule de personnes vivant dans la communauté. Ils nous proposent même de partager leur repas du soir, ce que nous devons malheureusement décliner pour ce soir. Nous voulons passer un peu de temps avec Opa ! Nous sommes en tout cas rassurés pour ce bivouac qui semblait terriblement mal parti il y a encore quelques minutes. Le stress a laissé place à beaucoup d’excitation car nous sommes super heureux d’être arrivés dans cet endroit ! Nous leur promettons d’accepter l’invitation le lendemain !
Nous partons à la découverte du village, de son potager permaculture, de son magasin à épice, d'une salle de classe...
Nous sommes réunis dans une grande salle circulaire au toit de chaume. Une quinzaine d’étudiants ont installés leurs chaises en cercle au centre duquel un feu symbolique a été installé. Il représente la chaleur, la convivialité. Ils ont une vingtaine d’années pour la plupart et le tour de table montre que leurs motivations à participer à cette formation sont diverses. Prendre confiance en soi, élargir ses compétences ou un projet très concret les a amenés ici pour une dizaine de mois. Certains ont déjà une expérience professionnelle alors que d’autres ont encore la timidité de leur âge. Spontanément l’une d’entre eux attrape un tam-tam et entame quelques rythmes. Un puis deux puis tous se mettent à danser. Les moins timides se lancent dans un solo au centre du cercle sous les rires bienveillants de leurs amis. L’ambiance est bon-enfant, la musique, la danse, les rires emplissent la salle. Quelle super immersion pour mon père ! Lui qui n’a jamais mis les pieds en Afrique, le voici baignant dans l’essence de ce continent.
Le tour de table de présentation terminé, on me confie la parole pour expliquer notre aventure. L’exercice est à la fois nouveau et en même temps nous avons déjà un an d’expérience à répéter notre périple donc les arguments sont rodés. Les origines du projet, les difficultés, où et comment nous avons trouvé la force de les surmonter… mais aussi nos belles et moins belles découvertes, nos rires et nos larmes… autant de sujets évoqués pendant mon speach. Les réactions sont aussi surprenantes que nos cultures sont effectivement différentes. Le fait que l’on a trois enfants, que l’on a quitté une situation confortable, que l’on soit passé par des pays « en guerre » (la télé ici produit le même effet qu’en France, on assimile un évènement à un pays tout entier)… Ils sont admiratifs et en même temps terrifiés à l’idée de voyager.
Nous partageons le repas du midi et celui du soir avec eux au grand soulagement d’une jeune bénévole allemande qui ne supporte plus de manger des chenilles tous les jours. Lorsqu’ils reçoivent des invités, c’est poulet ! Mince nous avons donc raté une occasion d’y goûter ! Enfin, j’aime beaucoup le poulet et ne suis pas un grand téméraire en matière de bestioles gastronomiques ! Nous dégustons les « épinards » issus de leur potager en permaculture ainsi que le « papa », cette purée de farine de Maïs que l’on trouvait sous d’autres noms depuis le Kenya (Ugali).
Pendant que les parents sont occupés avec leurs histoires sérieuses, les enfants découvrent (ou redécouvrent pour Liou) une école Steiner-Waldorf. Cette éducation basée sur les besoins des enfants et le lien avec la nature nous avait beaucoup plu en France. Malheureusement, les contraintes professionnelles et kilométriques avaient écourté l'expérience. Ici, ce principe prend tout son sens.
Avant de repartir, nous passons revoir Anna qui nous avait guidé au village. Nous découvrons sa maison, ou plutôt ses maisons. Son poulailler, son potager, son puits tout neuf... Nous ne pouvons partir les mains vides et lui achetons un poulet, elle nous offre des oeufs et des légumes qu'il nous est impossible de refuser.
Nous filons désormais vers l'est et faisons découvrir un autre aspect de l'Afrique à Opa : ses vendeurs au bord des routes! Et le must reste quand même les jouets en fil de fer. Nous craquons pour un beau tracteur Massey-Ferguson rouge! Qu'il est lourd! Comment le ramènerons-nous en France???
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Vendredi 9 Octobre 2015 : Debbie ou le syndrome du Zimbabwe
Les montagnes à l’est du Zimbabwe sont une des fiertés du pays. Contraste du vert des hauteurs par rapport au paille des plaines, les monts Nyanga s’élèvent en frontière avec le Mozambique voisin. Nous sommes pourtant déçus de la vision qu’ils nous offrent. On nous avait décrit le lieu comme un eden et ce que nous découvrons est plutôt l’enfer. La fumée des feux de forêt inonde la région sur des centaines de kilomètres. Les routes sont parfois barrées par les flames de ces feux « accidentels » selon la version officielle. Mais qui est dupe. Le feu ravage ou nettoie selon le point de vue. Difficile de faire paître du bétail dans une forêt ! Après avoir reçu des indications parfaites de la part du pompiste de chez Total, nous parvenons à la ferme de Debbie Nethersole. Elle ne nous connaît pas et pourtant nous la connaissons déjà. Sa gentillesse nous a été vantée à deux reprises par Arthur (le jeune aventurier français) et la famille argentine Zapp. Elle nous ouvre immédiatement son portail et nous installe sur son beau gazon anglais devant chez elle ! Nous sommes les bienvenus et sa chaleur efface rapidement notre léger malaise de nous imposer comme ça ! Son histoire est douloureuse. Son mari n’étant pas Zimbabwéen et possédant des terres a du quitter le pays en 2006. Elle et ses enfants ont la nationalité mais si cela leur évite d’être expulsés, les moyens d’oppression du gouvernement actuel sont nombreux. La plupart des terres ont ainsi été confiés aux Warvet’, comprendre les vétérans de la guerre d’indépendance. La plupart des industries et des fermes se sont écroulées suite à cette politique et l’économie s’est enfoncée. Aujourd’hui, le pays se remet difficilement du traumatisme et la surenchère politique du vieux Mugabe n’arrange rien. La situation de Debbie est attristante, elle épuise ses économies à vouloir préserver la ferme construite par son père malgré le personnel qui abuse de sa générosité et un peu aussi de sa crédulité. Ses larmes montrent l’impossible équation dans laquelle elle et ses semblables se trouvent aujourd’hui au Zimbabwe. Et si la volonté affichée du gouvernement était de redonner les terres au peuple, le résultat est navrant. Des serres on ne distingue plus que le squelette, les champs sont peu à peu envahis par la brousse et les bâtiments s’écroulent. Les terres ont été confiées à des personnes qui n’en font rien. Les discours extrêmes de ce dirigeant sénile accusaient une minorité des maux de la majorité. Cet exemple devrait donner à réfléchir aux dirigeants africains qui réfléchissent à mettre dehors les « riches blancs ». Car si cela n’a pas fonctionné comme escompté dans un pays dont l’éducation était pourtant une référence en Afrique, comment cela fonctionnerait en Afrique du Sud ou au Kenya ? Mais les discours stigmatisants ne sont pas l’apanage des pays africains, l’actualité française ou mondiale en est la preuve, il est si facile d’accuser une minorité plutôt que de se remettre en question.
Debbie ne cherche pas les coupables, elle n’exprime pas de rancœur. Elle est blessée au plus profond d’elle d’avoir dû vendre une partie de ses « Mombies » (vaches laitières) pour pouvoir payer une facture d’électricité délirante dont les services étaient incapables de trouver l’explication. Face à l’inextricabilité de la situation, elle n’a eu d’autre solution que de s’en acquitter pour pouvoir rétablir le courant indispensable à son exploitation. (Ils ne connaissent pas Julien Courbet au Zimbabwe !)
Cela ne l’abat pas pour autant. Elle garde son énergie, elle balade nos enfants sur son quad, fait dérouler une grande bâche plastique dans le jardin afin que les enfants puissent glisser sur ce toboggan improvisé, nous prépare un repas, va accueillir des clients à son salon de thé... Elle accueille aussi le jeune fils d’amis dont la situation est bien plus désespérée que la sienne. Sa seule vraie frayeur : Le feu qui s’approche de jour en jour de sa ferme !
Dimanche 11/10/2015 : La fumée ne nous quitte pas aux chutes Nyangombe!
L’air, si irrespirable dans les Monts Nyanga, ne s’avère pas plus clair lorsque l’on se dirige vers le sud. Nous nous sommes arrêtés pour pique-niquer au bord d’une cascade après avoir négocié âprement le tarif discriminant. Mais le décor vanté dans notre guide Petit-Futé est en feu. A quelques centaines de mètres à peine, la forêt brûle encore. De toute part, la végétation est calcinée et les souches encore fumantes. Nous ne risquons plus rien ici car il n’y a plus rien à brûler mais juste dans la vallée les flammes dévorent les arbres de ce qui était, il y a quelques jours encore, un parc national verdoyant.
Les monts Mvumba ou la grosse galère !
Les monts Mvumba ne sont guère plus clairs et il est bien difficile de profiter de ce paysage embrumé. Nous souhaitions suivre des conseils qui nous avaient été donnés et nous poser dans un camping. Lorsque l’on s’engage dans la pente bien raide, la présence de pavés nous rassure… mais ce sentiment est de très courte durée. Très vite c’est le doute qui nous envahi et les tarifs excessifs du camping nous poussent à remonter la pente pour partir d’ici. Mais ils ne nous poussent pas suffisamment ! La pente n’était pavée que sur les premiers mètres et la terre procure une bien moindre adhérence. Nous ne faisons que quelques mètres avant de rester coincés. Répéter la tentative à l’identique n’aurait pour conséquence que d’endommager encore plus les pneus qui sont déjà au bout. Nous vidons l’eau potable, les toilettes, mettons du poids à l’avant… Ce n’est pas suffisant. Il n’y a qu’une seule solution, c’est d’alléger le camping-car mais avant tout il faut le sécuriser, un gros arbre au bord du chemin fera un très bon point d’ancrage à la sangle. Nous entamons un délestage draconien. Tout ce qui nous tombe sur la main est mis dehors et monté en haut de la côte. Même les enfants participent. L’opération est longue, il fait nuit désormais. Les roues de secours, le coffre de toit, le contenu des placards, tout y passe mais sans succès. Il n’y a même plus assez de poids sur le train avant qui patine de plus belle. Nous avons certes allégé le camping-car de plusieurs centaines de kilos, mais nous n’avons pas résolu le problème d’adhérence et ce n’est pas le seul. La pente est telle que même le moteur est dépassé. C’est bien la première fois que l’on manque de puissance ! La qualité du carburant est peut-être en cause mais la pente en est l’explication principale. Après plusieurs heures d’efforts, les corps sont meurtris, les enfants épuisés comme les adultes d’avoir transporté tout ce bazar jusqu’en haut de la côte pour un résultat décevant. Le manager du camping n’a pas été d’une grande aide, il a regardé les enfants bosser sans lever le petit doigt alors que s’il avait entretenu son chemin… La fatigue n’aide pas à la sérénité et je préfère laisser Mélanie aller lui demander à nouveau s’il n’y a vraiment pas un 4x4 ou un tracteur dans le coin. Comme par miracle, le voisin a un tracteur ! Mais il vient de loin alors il va falloir le dédommager ! Étonnamment je parviens à ravaler ma rage montante et accepte. De toute façon nous n’avons pas le choix. Une minute après il est ici, c’est dire s’il vient de loin. Il demande 10$. Je lui donne un bidon de gazoil de 10l. Il est gagnant mais de toute façon je n’ai pas de monnaie et un instant plus tard le camping-car est en haut de la côte. Cette expérience nous servira de leçon car nous avons un double ressentiment. Premièrement le manager, vexé que l’on ne vienne pas dans son camping à 10$/personne, s’est bien moqué de nous et nous a laissé galérer jusqu’au bout sans nous aider. Un bel e….. Ensuite, nous n’avions jamais payé pour recevoir de l’aide (et jamais réclamé pour avoir aidé non plus…), on s’y habitue vite. Nous avions jusque-là adoré l’hospitalité Zimbabwéenne. Il fallait un contre-exemple et c’est évidemment dans un coin touristique qu’on l’aura eu.
Nous devons maintenant tout remettre dans le camping-car et ce n’est pas une mince affaire, puis trouver un bivouac alors que la nuit est bien installée. Heureusement, nous pouvons compter sur la gentillesse de notre sauveur (le voisin, pas le manager), il nous propose de nous installer sur son terrain ! Ouf, soulagés, nous donnons vite fait quelque chose à manger aux enfants qui peuvent ainsi se coucher le temps que l’on range le camping-car. Nous apprécierons cette bière au clair de lune ! Encore une belle expérience de tour du monde pour mon père qui est décidément bien gâté depuis son arrivée !
Le lendemain nous quittons la région pour filer plein sud non sans avoir fait un petit tour dans les routes de montagne et tremblé à la vue de la moindre côte ! Il faut parfois des leçons pour éviter de prendre trop d’assurance ! Notre objectif du jour est de parcourir un maximum de distance en direction de Masvingo et du site de Great Zimbabwe. Bien conscient que nous ne pouvons faire toute la distance en un jour, nous avançons en profitant du paysage. Des artisans vendent leurs réalisations au bord de la route et nous craquons pour un grand tapis en sisal. Quel est l’idiot qui a demandé le prix alors que l’on venait de dire à cette dame que l’on ne pouvait malheureusement rien emporter ? Je crois que c’est moi ! Mais quand elle m’a annoncé 40$ et qu’elle a accepté ma proposition à 30$ pour ce grand tapis très chouette, j’étais coincé bien que n’ayant aucune idée de comment nous le ramènerons en France ! Je sens qu’on va regretter longtemps cet achat impulsif !!! Mon père me rassure en me disant qu’eux aurait fait pareil. Les chiens ne font pas des chats !
La route défile et nous commençons à nous inquiéter de trouver un bivouac à l’approche de Birghenough bridge. Malheureusement la région est bien peuplée et il s’avère impossible de trouver un chemin désert pour aller nous installer. Nous ne voulons évidemment pas être vu si nous nous engageons sur un chemin pour être tranquille. Il y a des jours où nous aimons rechercher le contact et parfois au contraire, nous souhaitons être seuls. C’est seulement à la sortie de la ville que la densité de population chute et qu’un chemin apparaît miraculeusement. En guide de chemin, ce sont juste des traces qui se faufilent à travers les buissons desséchés. Leurs branches grincent contre la tôle jusqu’à ce que nous apercevions un petit espace ouvert idéal. Nous ne sommes que peu visibles depuis la route et dans quelques minutes il fera nuit, nous serons alors invisibles. Tout juste le temps de ramasser du bois pour le feu que la nuit nous entoure. Voilà une nouvelle initiation pour Opa qui découvre en même temps la faune nocturne. Les grandes araignées qui courent à toute vitesse s’invitent entre nos jambes mais c’est bien le petit scorpion nerveux qui nous inquiètera le plus. La nuit est calme, seul le son des cloches d’un troupeau se fait entendre au loin.
Mardi 13/10/2015 : Le Grand Zimbawe !
Les paysages désertiques font apparaître des collines de granit à l’approche de Masvingo où nous faisons une halte ravitaillement avant de nous diriger vers le site fierté de la nation. Great Zimbabwe était la capitale de la région il y a bien longtemps et le nom est apparût le bienvenu lors de l’indépendance de 1980. Il fallait remplacer le nom hérité de son controversé découvreur Cécil Rhodes, la Rhodésie du Sud, par un nom rappelant les grandes heures passées. Nous avons bien l’intention de visiter ce site mais au préalable nous devons trouver un bivouac idéal ! Jade fête son anniversaire demain et elle aurait aimé être dans un endroit aussi idyllique que le bivouac au bord de la rivière Khwaï au Botswnana où nous avions fêté l’anniversaire de Felix des Dacaluf. Le challenge est rude. Le camping du site est une grande étendue d’herbe sèche envahie par les babouins. Non. Un peu plus loin, un vieux camping décrépi possède une vue magnifique sur le lac voisin mais la balançoire est rouillée et l’absence de piscine nous pousse à aller voir plus loin. Nous ferions bien un bivouac sauvage sur les berges de ce lac en temps normal mais c’est l’anniversaire de Jade alors… nous tentons notre chance au lodge super luxueux que nous avons vu en venant. Peut-être ont-ils un petit coin pour nous ! On a entendu dire que l’on pouvait profiter de leur piscine moyennant un petit quelquechose. A la réception, il est catégorique, impossible de camper ici, mais par contre il affirme qu’ils ont de magnifiques chambres ! C’est bien beau mais ce n’est pas vraiment ce que l’on cherche d’autant que l’on n’a pas le budget ! Il insiste pour nous montrer. Bon ça ne coûte rien d’aller voir ! Ouaaahhh, c’est magnifique ! Mais c’est combien ? 190$ la nuit !!!! Ouuuuch ! Mais il nous fait un prix à 100$ ! Non ! Je propose 50$ ! Il va voir le manager, apparemment c’est basse-saison ! On trouve un accord comprenant aussi une sortie bateau sur le lac à la découverte des rives du parc voisin. Nous voici installés comme des rois dans un magnifique tukul. Un lieu original et super sympa pour l’anniversaire de Jade et avec une piscine en plus !
Si la balade en bateau n’offre pas des paysages extraordinaires, elle nous permet néanmoins d’observer des rhinos sous un angle original !
Si la balade en bateau n’offre pas des paysages extraordinaires, elle nous permet néanmoins d’observer des rhinos sous un angle original !
Jade fête ses 8 ans!
Opa n’est pas venu les mains vides, Oma a pensé à tout ce qu’il faut pour décorer et faire la fête. Il y a même un chapeau bien original. Si Jade a été gâtée pour son anniversaire, Alix et Liou n’ont pas été oubliés !
Jeudi 15/10 : Great Zimbabwe ou le symbole d’un pays
La visite du site de Great Zimbabwe ne restera pas dans nos meilleurs souvenirs, le site est un tas de cailloux, la guide lit les panneaux et il nous faut utiliser l’éclairage de notre téléphone portable dans le musée en raison de l’absence d’électricité. Nous ne parvenons pas à nous immerger dans l’histoire du lieu et puis de toute façon les explications sont si vagues que l’on peine à se passionner. Nous en retiendrons que le symbole du pays, l’oiseau présent sur le drapeau, est en fait une des 7 statues trouvées sur le site.
Il est temps pour nous de quitter le pays car nous avons réservé les campings au parc Kruger en Afrique du sud du 17 au 24 octobre. Nous prenons la route plein sud direction le poste frontière de Beitbridge qui est la principale, si ce n’est la seule, voie de communication entre les deux pays. Nous trouvons tardivement un bivouac sauvage car tous est grillagé de partout avant de pouvoir poursuivre. Nous n’avions jusque-là jamais été vraiment inquiétés par les contrôles de police mais celui-là est un peu plus retors. Il remarque, comme aux contrôles précédents, que nous n’avons pas de réflecteurs blancs à l’avant. Je lui fait remarquer que les nôtres sont rouges (depuis l’Egypte). Il n’est pas satisfait. Que ses collègues à la frontière m’en ont fait la remarque mais ont considéré que le rouge ferait bien l’affaire pour un passage temporaire (bluf), pas plus de réussite. Enfin, j’abats mon atout maître en lui expliquant que le carnet de passage en douane est un document qui permet à un véhicule étranger répondant aux normes de ce pays étranger de circuler temporairement dans leur pays. Il ne l’entend pas de cette oreille alors que cet argument reste le seul valable. Finalement nous l’aurons à l’usure. Je refuse de payer 15$ d’amende pour ce business. Un peu plus loin, nous passons un énième péage et présentons comme à chaque fois notre ticket établi un peu plus de deux semaines plus tôt. Jusque-là ça avait marché à chaque fois. Un coup de scan du code-barre et nous pouvions continuer ou alors nous avions payé les deux dollars de péage lorsque l’on sentait que ça posait un souci. Mais ici, ça ne marche plus. Pourtant nous sommes parfaitement sur le trajet indiqué initialement alors que ça ne l’avait été que rarement depuis notre départ. Le ton monte, on veut nous faire payer un nouveau ticket complet car nous avons dépassé les 14 jours de validité. Mais nous avons bien payé pour cette portion. Comme ma diplomatie ne fait qu’envenimer la situation, nous voilà encadrés par des policiers en arme. Mélanie prend le relais et nous pouvons repartir après une demi-heure d’âpres négociations et le paiement de 2$ correspondant au péage de cette portion. Nous connaissions la règle aussi stupide qu’elle était et nous ne considérons pas avoir fraudé car nous avions payé pour cette portion et avons payé aux péages pour les autres. Nous avons simplement pêché par optimisme en présentant un ticket périmé. Si c’était à refaire nous payerions les péages en omettant le paiement du ticket initial car il n’est nécessaire que pour les véhicules de plus de 2T300. Jongler avec les règlementations des pays est un exercice propre aux voyageurs et nous nous donnons astuces et infos à chaque rencontre !
La sortie du pays se fait en payant une dernière taxe pour l’usage du pont qui relie les deux pays ! Impossible de faire tamponner son passeport sans s’en acquitter. La fraude est plus dure ! Nous voici donc sortis du Zimbabwe.
Opa :
Opa est venu pour voir de plus près notre vie en voyage, nos expériences et il aura été bien servi pendant cette première partie au Zimbabwe. Il aura vu des danses, des sourires et de la musique ! Il aura goûté à des plats typiques. Il aura vécu le stress de la recherche d'un bivouac et le calme d'un bivouac sauvage ! Il aura connu les galères d'un camping-car en Afrique et le regard surpris à son passage ! Il sera tombé sous le charme des vendeurs de rue et de leurs trésors ! Il aura découvert la générosité des zimbabwéens et la situation complexe de ces anciennes colonies ! Et pourtant il lui reste tant à découvrir de l'Afrique que ces 10 jours ne peuvent résumer...
Le Zimbabwe :
Le Zimbabwe aura été une belle surprise. Ses habitants sont très gentils et éduqués. Les paysages, bien que grillés en ces temps de sécheresse, nous ont parus plus diversifiés qu’en Zambie ou au Botswana grâce notamment aux montagnes de l’Est. La situation politique controversée du pays était aussi une raison d’inquiétude mais on s’est rendu compte qu’elle pénalisait en premier lieu le peuple Zimbabwéen et pourtant ils nous prient de les en excuser ! Enfin nous n’avons vraiment pas souffert des contrôles policiers tant décriés par les voyageurs.
Bilan en chiffres :
2655km en 24 jours
Budget quotidien de 45€ en dépenses pays et de 86€ en global Tour du Monde. L’alimentaire à 18.6€/jour étant parfaitement dans la moyenne malgré la réputation d’un coût plus élevé.