Botswana - 3 - entre désert et Eden !
Mardi 8/09/15 Planet Baobab
Après deux semaines de bonheur et d'émerveillement, nous quittons Maun et le delta de l’Okavango pour prendre la direction des « pans ». Ces grandes étendues de sable salé étaient autrefois des grands lacs alimentés par le Zambèze avant que des fractures géologiques n’en dévient le cours. De nos jours, ils paraissent secs et sans vie mais comme tout désert ils cachent une vie bien discrète et s’avèrent très humides à qui s’aventurerait sur son étendue.
La nudité des paysages contrastes avec le delta verdoyant. Sur la route nous observons quelques animaux. Girafes, éléphants, autruches, kudus. Nous faisons une halte à Planet Baobab le temps que les enfants plongent dans l’eau puis installons le bivouac juste à côté dans le bush au pied d’un grand baobab.
(PS : Nous sommes toujours avec les DACALUFS)
Lekhubu Island au coeur des pans
Nous partons en reconnaissance sur la piste qui mène aux pans et notamment à l’île Kubu fameuse pour ses baobabs majestueux posés sur une île de granit au milieu des étendues infinies des pans.
Après quelques kilomètres nous croisons enfin une voiture revenant de l’île. Ce sont des allemands. Leur opinion est assez mitigée sur notre capacité à franchir les 90km de piste sévère qui nous séparent de l’île. Un bivouac ensemble sur la piste et la nuit portant conseil, nous décidons de ne pas prendre de risques et d’aller déposer le camping-car dans un lodge le temps d’aller en camion jusqu’à l’île. Le marketing manager du Pelican Lodge accepte volontiers que nous garions le cc sur son parking. En échange nous « likons » sa page facebook ! Bon deal !
Dès le lendemain nous chargeons les victuailles dans le camion et nous dirigeons vers la fameuse piste. A peine engagés que nous trouvons face à nous deux voitures de sud-africain en vacances. En quelques échanges, ils nous donnent leur adresse et nous invite chez eux lorsque nous serons en Afrique du Sud. Il paraît que tous les Sudaf sont aussi hospitaliers. Ce sont les troisièmes que l’on rencontre et les troisièmes qui nous invitent chez eux ! La règle est vérifiée !
A peine sont-ils en train de partir qu’une troisième voiture arrive. Cette fois ce sont des français en voyage ! Les « Joyeux voyageurs » qui sont également en tour du monde. Ils ont fait l’Amérique du Sud en camping-car et sac à dos et les voilà en Afrique australe en 4x4. Nous sommes donc trois familles françaises réunies ! Malheureusement, eux reviennent de l’île et nos routes sont inverses. Nous improvisons un pique-nique un peu avant l’heure histoire de nous laisser un peu de temps pour échanger nos expériences avant de chacun prendre la route.
Nous nous engageons dans la piste. Le bush est étroit comme on nous l’avait prédit. Les arbres empiètent sur le chemin, ne laissant la place que pour un 4x4 classique alors que le camion possède des dimensions bien plus généreuses ! ça griffe, ça raye, ça se casse. Les branches doivent laisser passer le camion mais elles ne le font pas sans résister. Au bout de quelques kilomètres, la première victime est un des « fusibles » du système de gonflage automatique des pneus. La pièce en plastique a cassé nette libérant l’air du compresseur qui croit à une crevaison. David décide alors d’éviter de la casse supplémentaire et démonte le système. A cette occasion, nous constatons qu’un rappel de clignotant a aussi fait les frais des arbustes. Les heures avancent plus vite que les kilomètres. Après 4 heures de piste nous ne sommes pas encore arrivés au site. Nous avons essayé d’emprunter une piste traçant sur le pan mais la crainte de rester bloqués dans la boue nous a fait revenir sur la voie classique alternant entre bush dense et piste sablonneuse dans la savane. Nous plantons les tentes dans une petite clairière pour la nuit et savourons un barbecue sous un ciel étoilé fabuleux. Pas de pollution lumineuse par ici !
Dès le lendemain matin nous parcourons les derniers kilomètres nous séparant de la destination. Nous quittons enfin le bush pour emprunter une piste caillouteuse s’avançant dans le pan en direction de l’île. Surprenant de trouver ici, une véritable île de granit au milieu de cette étendue infiniment grise. Mais plus surprenant encore, c’est qu’elle soit recouverte de baobabs millénaires. Nous contournons l’île et à peine sommes-nous arrêtés que les enfants courent grimper sur les baobabs inventant des jeux de chevaliers et de princesses à sauver. Felix à le beau rôle !
Nous improvisons le pique-nique alors que les enfants profitent du vent pour sortir le Kite ! Cela ne semble pas du goût de tous puisqu’un individu arrive à vélo en nous indiquant que nous devons aller nous enregistrer au camping de l’autre côté de l’île. Mais les choses n’ayant pas vraiment l’air officielles, nous « déclinerons la proposition » non sans que l’homme ne proteste. Même ici au milieu de nulle-part des parasites tentent de profiter de tout.
Ce ne sera là qu’une toute petite ombre sur ce tableau impressionnant.
Au retour, nous contournons l’île par le sud en veillant à rester sur les traces des véhicules nous ayant précédés car la couche de sel cache une boue dure mais bien glissante. Les enfants ont grimpés sur le toit du camion qui file sur le sable. Ils adorent !
Comme le bush ne tarde pas à s’avérer la seule voie pour rentrer, il nous faut nous résoudre à retourner nous enfoncer sur cette piste trop étroite. L’heure avance, nous ne serons jamais sortis de cette piste avant la nuit et nous installons le bivouac au milieu d’une étendue de poussière terreuse. Quelques arbres survivent par ici. L’un d’eux est parfait pour y installer un hamac tandis que nous installons les tentes en cherchant à nous protéger du vent. Alors que la nuit s’installe nous repérons des petites bébêtes qui se baladent à nos pieds. Un coup de lampe frontale réveille la troupe. Ce sont des scorpions et des araignées ! Ça grouille de partout ! Les enfants dormiront ensemble dans le camion, mais Mélanie et moi n’avons pas d’autre choix que de dormir dans notre tente. Au moment de se coucher Jade demande : « Maman, tu peux venir nous faire un bisous avant que tu meurs ? » Pas certain que les enfants vont bien dormir cette nuit !
Pour continuer dans le chapitre frayeur, le lendemain midi alors que nous repérons un chouette endroit pour pique-niquer, un bruit attire notre attention au dessus de notre tête dans l'arbre. Ce sont deux Boom slang (serpent vert) en train de copuler. Heureusement pour nous qu'ils sont trop occuper à faire leur affaire car leur piqûre est fatale.
Nous repartons sur la piste, mais voilà à notre droite, une piste s'engage dans les pans. Elle est bien tentante car elle est lisse. Pas de secousses, Pas non plus d'arbres qui obstruent le passage. Camille n'est pas d'accord et le fait savoir. Trop dangereux selon elle. "Mais non t'inquiètes pas!" répondent les hommes! Quelques mètres plus loin on sent que le sel n'est plus aussi dur et que le camion laisse des traces plus marquées. Juste le temps de vouloir rejoindre la prairie herbeuse que la roue arrière droite s'enfonce jusqu'au châssis. Pas un arbre, un caillou pour accrocher le treuil. Pas un véhicule à l'horizon non plus. Il va falloir creuser. Après trois-quart d'heure d'efforts, nous avons dégagés la roue et le châssis, mis en place les plaques de désensablage. Le travail et la sueur n'aurons pas été vains. Le camion sort de là et rejoins la prairie. Nous n'insisterons pas et nous parcourons dans l'autre sens tous les kilomètres réalisés sur le pan. Voilà un raccourci qui ne nous aura pas fait gagner de temps!
De retour au Pelican Lodge, le manager nous offre la nuit au camping et les enfants peuvent aller plonger dans la piscine! Après ces longues heures de secousses sur les pistes, les enfants sont aux anges! Chouette ! Et les parents peuvent apprécier une bonne bière!
Lundi 14/09/15 - Du sable et des éléphants !
Nous quittons la ville de Nata par le nord direction la ville de Kasane. Sur cette longue route, tous les voyageurs rencontrés ces derniers mois nous ont conseillés de nous arrêter dans un endroit un peu particulier. Le lieu s’appelle Elephant’s Sands. Il s ‘agit d’un point d’eau autour duquel a été installé un lodge. Mais pour y parvenir, encore faut-il franchir une piste très sableuse de 2km de long. Les Dacaluf ayant pris de l’avance, ils y sont déjà lorsque nous nous engageons. Pneus bien dégonflés et le volant qui fait gauche-droite-gauche ne suffiront pas. Le cc ne surfe pas bien sur la plage ! Évidemment, les talky-walky ne portent pas suffisamment et le téléphone ne capte aucun réseau. Un 4x4 du lodge passant par là nous tire de ce mauvais pas et David ne pourra pas rajouter ce tractage à sa collection ! Nous nous installons aux premières loges à quelques dizaines de mètres du point d’eau non sans avoir signé au préalable la décharge de responsabilités exigée par la direction !
Ce lieu offre l’occasion unique de savourer un repas (le steak est excellent) ou une boisson à quelques mètres des éléphants qui boivent au point d’eau. Parfois l’un d’entre eux se tourne vers les touristes s’agglutinant sur la terrasse. Il n'en faut pas plus pour que la plupart d’entre eux recule de quelques mètres. Un éléphant sauvage qui vous fixe à seulement 4 ou 5 mètres est très impressionnant. Mais lorsque deux mâles se chargent en barrissant à la même distance, la terrasse se vide encore plus vite !
La saison est très sèche, les éléphants sont un peu nerveux et cherchent de l’eau par tous les moyens. Parfois un mâle rejeté par ses congénères détruit les sanitaires à la recherche d’une source d’eau providentielle. Il est alors surprenant de se trouver dans un WC à observer l’un d’eux s’abreuvant directement dans la fosse derrière le bâtiment, mais le point d’observation est unique !
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Ah au fait, une petite question ! A votre avis, quelle taille peut faire l’empreinte d’un éléphant ? Vous ne savez pas ? Et bien voilà un indice : je chausse du 43…
Nous poursuivons notre route vers le nord. Vers la ville de Kasane, ou plutôt le parc de Chobe dont Kasane est la base touristique.
Une multitude de camping et hôtel nous ouvraient les bras mais nous y préférons l’adrénaline d’un bivouac sauvage en bord de rivière. Alors que nous cherchions un accès à la rive, nous faisons la connaissance d’un couple de Sudaf en déserrance, ils ne trouvent nulle part de la place dans les campings ou hôtels. Nous les invitons à se joindre à nous pour un « bush camp ». Sean n’ose pas y croire, il ne pensait plus possible de faire ça. Des années de vie dans un pays où l’apartheid à conditionné les esprits à la crainte de l’autre, ont fini par avoir raison de l’idée même de liberté. Lui qui grimpe les 7 plus grands sommets du monde tous les ans, n’osait même plus arrêter sa voiture dans un sublime endroit comme ici. Triste. Pourtant ils passeront une superbe soirée et une nuit bien paisible à nos côtés. Au petit déjeuner, ils nous laissent leurs coordonnées. Nous devons passer chez eux sur Durban !!! La règle est encore vérifiée. L’apartheid ne leur a certainement pas pris leur hospitalité !
L’accès au parc de Chobe est délicat et excessivement onéreux en camion. Inutile d’espérer y aller en camping-car. Tous les avis sont unanimes, les pistes sont terribles. Nous décidons de profiter du contact laissé par le manager du Pelican lodge de Nata et de réserver un game drive et un boat drive pour découvrir ce parc.
Game Drive au parc de Chobe
Nous partons au petit matin. 6h mais ils sont fous ! Cela fait bien longtemps que nos réveils ne savent plus qu’il est possible de sonner à cette heure-là ! Pourtant si nous voulons profiter un maximum, il faut se lever tôt, après le soleil tape si fort que les animaux partent se réfugier à l’ombre du bush. Nous voilà enroulés dans nos blousons d’hiver au petit matin à l’arrière d’un 4x4 shuttle. Ces 4x4 dont l’arrière est équipé de 3 rangées de sièges en gradin pour faciliter l’observation. Et il faut bien les blousons car au petit matin il fait frais voir froid.
Contact : Mamasi Cruises torolodge@botsnet.bw ou wedu.batisani@yahoo.com / 71707773 / 74584254
Le game drive est censé durer 3 heures. Voilà pourquoi nous préférons habituellement utiliser nos véhicules pour profiter un max du droit d’entrée. Néanmoins le chauffeur guide connaît l’endroit. Il nous dirige sur les pistes bordant la rivière. C’est un festival d’animaux. Springbok, éléphants, hippos, crocos, oiseaux en tout genre…
Après avoir pris renseignement auprès d’un confrère, il se dirige sur une chasse. Nous y découvrons des lionnes en train de dévorer un éléphant. La plupart sont déjà repues et se délasse à l’ombre le ventre exagérément gonflé par le festin qu’elles viennent de faire aux dépends d’un pachyderme. Ce sont leur spécialité dans ce coin du parc, les lions aiment l’éléphant au petit-déjeuner ! C’est la nature !
Sur le retour nous aurons la chance d’observer les éléphants de très près mais aussi et c’est aussi beau que rare, une « sable antilope » avec son pelage noir et ses cornes profilées !
BOAT DRIVE au parc Chobe
Le soir même nous embarquons à bord d’un bateau pour aller profiter d’un point de vue différent mais tout aussi exceptionnel sur le parc Chobe. Les animaux ne prêtent pas plus attention aux bateaux qu’aux 4x4 et nous aurons le plaisir un peu inquiétant tout de même d’observer un hippos à moins de 2m. Plus occupé à brouter les herbes flottantes qu’à poser pour les photos !
Au fait encore une question concernant les éléphants ! Savez-vous comment ils font pour aller sur ces îlots si verdoyants ? Et bien ils font comme nous le ferions ! En nageant ! Enfin pas vraiment comme nous le ferions étant donné la concentration de crocodiles aux dimensions respectables que nous observons ! Moi je ne m’y risquerai pas !
Le clou de la balade est sans hésitation aucune le léopard qui se repose dans un arbre au bord de la rive. Il est si rare de pouvoir observer cet animal ! Fabuleux !
Voilà qu’en une seule journée nous observons deux des « Big five » que nous n’avions encore jamais observé de si près ! Il ne nous manque plus que le rhino !
Les paysages, les animaux, les embruns… les enfants comme les parents passent un super moment ! Alix a du mal à résister et s’effondre de sommeil dans le bateau !
Après tous ces efforts, nous décidons d’aller nous reposer un peu dans un camping en rejoignant les « Joyeux voyageurs » au Chobe safari lodge. La piscine fait le bonheur des enfants, quant aux parents… A votre avis ? Je vous laisse deviner ! (voir photos) Et pour les mauvaises langues, non pour une fois ce n’était pas de la bière !
Voilà un mois que nous profitons de ce pays merveilleux, de sa population si discrète et si agréable. Les tarifs y sont raisonnables, on y trouve de la bonne viande mais les légumes frais c’est moins évident. Ce pays est un pays très facile, idéal pour des vacances à condition d’avoir un 4x4 évidemment… et pour ça le camping-car n’est pas l’idéal à moins d’avoir un Dacaluf devant !!!
Cela fait aussi un peu plus d’un mois que nous partageons le voyage avec les DACALUF. Les enfants y ont trouvé leur compte, chacun s’est trouvé un copain. Liou a trouvé en Lucile une très bonne copine, Felix et Jade sont tous deux aussi rêveurs et Alix a … adopté le camion ! Il ne veut plus le quitter ! C’est vrai que c’est bien quand même un camion pour sortir des routes et s’enfoncer plus profond dans le pays!
Au revoir les Dacaluf ! On a passé de supers moments ensemble et expérimenté le voyage à deux familles !
Le Botswana en chiffres
1703km parcourus en 30 jours (du km44160 au km45863)
Budget de 51€/jour seulement malgré toutes les activités réalisées et les repas améliorés (barbecue, vin, bière, sodas et chips)!!! Merci à l'absence de visas payant!